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                                  DE LYON.                     .            231
 tenaient ces négociants (Voyez sou texte,liv. V, 22). M. Jolibois lui fait dire
qu'ils étaient étrangers. A la Bretagne, oui ; cela résulte de sa narration !
mais à la Gaule, il ne le dit point. Hééren, qui est mort avant d'avoir achevé
la partie grecque, et fait la partie romaine de son grand ouvrage sur la Poli-
tique et le Commerce des anciens, affirme, en passant, dans son 4e volume, où
il parle des Phéniciens, que ces négociants étaient Marseillais (p. 194, trad.
franc.). C'est possible, quoique je ne connaisse aucune raison pour exclure
les Gaulois de leur participation naturelle à ce long transit qui se faisait dans
leur propre pays. Quoi qu'il en soit, il me semble que M. Jolibois a ramassé
là un trait qui le blessera lui-même. L'historien dit que les marchands d'étain
le transportaient, à dos de cheval, en trente jours, de la côte septentrionale
des Gaules aux bouches du Rhône. N'est-il pas certain que, si les Marseillais
avaient possédé un Emporium à Lyon, ils se seraient dirigés sur ce point,
pour y embarquer au plus tôt cette pesante marchandise, au lieu de gagner
lentement et péniblement l'embouchure du fleuve. Le passage de Strabon,
que M. Jolibois cite lui-même sur la navigation du Rhône et de la Saône,
ajoute encore à la force de cette objection. Observez bien que cet auteur,
suivant mon antagoniste, parle ici d'un commerce depuis longtemps établi,
parce que s'il n'avait commencé que depuis la conquête , il ne se serait pas
avance si loin, des le temps d'Auguste, etc. ; temps auquel Strabon écrivait sa
géographie. Je réponds : i° Qu'il n'est donc pas supposable, encore une fois,
que les nations gauloises n'eussent pas établi entr'elles des relations commer-
ciales avant l'arrivée de César, quand lui-même nous parle le premier des
grands transports de grains qui se faisaient sur la Saône (liv. I er , 16,1. VII,
90, 1. VIII, 4.) ; 2 0 Que Strabon n'écrivait pas sous Auguste, à une époque
plus ou moins rapprochée de la conquête, mais sous Tibère, soixante-sept ans
au moins après cet événement (Voyez, entr'autres, la fin de son 6 e livre), et
qu'il dit en propres termes que l'avantage de cette vaste navigation intérieure
se faisait surtout sentir depuis les loisirs de la paix (Liv. IV, p. 18S et 189,
éd. de 1620). Enfin, ce géographe, en parlant des grands ports marchands de
Narbonne, de Bordeaux et de Corbilon, ne dit point qu'ils fussent des Em-
porta maritimes établis par les Grecs, comme le fait entendre M. Jolibois,
dont les arguments s'écroulent successivement (Voy. id., p. 190).
   Au surplus, quand il parviendrait à prouver que tout le commerce des
Gaules était entre les mains des Grecs, il n'en résulterait pas nécessairement,
comme il le veut, qu'ils eussent fondé un Emporium à Lyon, bien des années
avant la conquête romaine. L'existence de cette colonie aura toujours contre
elle : i° le passage même de Diodore qu'on m'avait opposé ; 2 0 le silence de
toute l'antiquité, et, notamment, de César, qui passa certainement le Rhône