Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
210                     NOTICE HISTORIQUE
 cessaire de peindre Luther au naturel, tel qu'il était pendant sa
 vie, tel qu'il fut au moment de sa mort, tel, enfin, qu'on n'avait
 jamais osé le montrer au monde ; qu'un pareil tableau était le
 moyen le plus capable d'arracher de l'erreur les honnêtes gens,
 amis des mœurs, qui se rencontrent parmi les disciples abusés
 de la Réforme ; qu'il n'avait pas même tout dit ; que, souvent,
 sa plume avait reculé devant les traits plus que hideux qu'elle
 avait à dessiner.
    Néanmoins, Audin se rendi* avec soumission aux exigences de
 la critique ; il châtia avec soin une seconde édition, qui fut en-
 levée en peu de temps, puis une troisième, qui partagea la
 même faveur. Un abrégé en un volume de cette histoire vint en-
 suite satisfaire les prières instantes d'une multitude de prélats,
 d'ecclésiastiques, de supérieurs de maisons d'éducation, qui dé-
siraient pouvoir, à peu de frais, la mettre entre les mains des
jeunes élèves de l'un et de l'autre sexe. C'en fut assez pour pla-
 cer Àudin au rang des meilleurs historiens modernes. L'auteur
de l'Histoire de Luther reprit cet ouvrage en sous-œuvre, et le
poussa jusqu'à trois volumes in-8° , dans une de ses nom-
breuses éditions. En outre, dans l'accueil que le public religieux
fit à son ouvrage, il ne vit qu'un encouragement à de nouveaux
labeurs. Il n'écrivait pas avec rapidité, ne se hâtant que lente-
ment, à l'exemple des grands maîtres ; il n'écrivait en moyenne,
par jour, qu'une page d'un papier in-folio, qui équivalait à deux
pages d'impression, et, au bout de l'an, il avait son volume de
fait, disait-il à ceux qui lui parlaient de sa fécondité.
   L'Histoire de Calvin , dont les matériaux étaient cependant
de longue main préparés, ne parut que dans l'année 1841. La
plume incisive d'Audin n'épargna pas ce célèbre réformateur,
qui imposait violemment ses idées, au nom d'une liberté impos-
sible. Le caractère sec et hargneux de Calvin ne permettait pas
à l'auteur de jeter dans son livre les mêmes enchantements de
style, mais l'érudition y est aussi solide, et l'art aussi habile que
dans la première monographie.
  Après ces Histoires si remarquables, et qui seules eussent pu
assurer une large part à leur auteur dans l'estime des hommes