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182 PETITE CHRONIQUE LYONNAISE. épistolaire fort suivi avec M. de J...., lyonnais aussi d'origine, bel-esprit, lancé dans le grand monde et fort au courant des nouvelles de la ville et de la cour. Cette volumineuse liasse de lettres et de réponses s'est conservée, et parmi les causeries sans façon qu'elles renferment, j'ai mis à part tout ce qui pouvait se ratta- cher à notre histoire locale, laissant de côté les faits po- litiques trop connus et ce qui n'a trait qu'à des affaires de famille. En effet, le public d'aujourd'hui aurait peu de goût à savoir dans quelles circonstances messieurs tels et tels sont venus au monde, se sont mariés ou ont passé de vie à trépas, quelles maisons tenaient le haut bout il y a cent ans, quels personnages étaient considérés comme gens de marque. Nous sommes si loin de cette époque, si loin de ce long et paisible règne de Louis XV, où l'on vivait sans s'inquiéter de l'avenir, et sans se douter que à 'affreux petits rhéteurs préparaient une mine, bourrée d'esprit, de faux savoir, d'impiété, de libertinage et de belles manières, et que cette mine fini- rait par éclater, anéantissant tous les éléments consti- tutifs d'une société civilisée : religion, honneur, famille, hiérarchie, notions des devoirs, lançant au loin les im- prudents qui y avaient mis le feu, aussi bien que ceux qui dormaient sans inquiétude dans son voisinage. Je ne sais si ces fragments auront le mérite de plaire à tous. Quant à ceux qui aiment leur pays natal, qui aiment les institutions, fondements de sa grandeur, qui aiment les souvenirs de leur passé, parcequ'il est ho- norable , quant à ceux qui s'intéressent à ces généra- tions de commerçants actifs et probes, qui s'inquiètent des origines des vieux noms, des vieilles pierres, des vieux