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48                   NOTICE SUR DECHAZELLE.
 des seconds plans parfois gris et vaporeux ; mais dans ceux qu'il
 peignit plus tard, et sans doute après avoir étudié les maîtres
 hollandais, on trouve une vigueur et un éclat qui peuvent soute-
 nir la comparaison de ces beaux modèles, et qui furent juste-
ment appréciés au salon de 1801. L'emploi des glacis, qu'il fit
 avec beaucoup d'art et d'adresse, fut un des moyens'empruntés
 aux anciens maîtres, dont il se servit mieux qu'aucun de ses
contemporains. On trouve dans la variété de ses compositions la
vivacité de son esprit et de son imagination; peut-être l'abon-
dance de ses idées s'y fait-elle remarquer quelquefois par un
peu de profusion ; mais la grâce avec laquelle ses fleurs sont
balancées rachète ce léger défaut. Il en est de même pour le re-
proche que les amateurs du précieux fini de Vanhuysum pour-
raient lui adresser ; cette qualité, si elle n'est pas portée au plus
haut degré dans ses ouvrages, se trouve suffisamment compen-
sée par l'esprit et la finesse de la touche, que l'on remarque sur-
tout dans ces petites fleurs des champs qu'il se plaisait à répan-
dre parmi les fleurs brillantes des jardins, et que personne n'a
su rendre avec un pinceau plus facile et plus fin. Cette touche spi-
rituelle et hardie est un des caractères distinctifs du talent de
M. Dechazelle. Unissant à ce mérite une couleur brillante et vi-
goureuse, on pourrait dire qu'il est presqu'à Vanhuysum ce que
Teniers et Mettzu étaient à Gerardow.
   Comme littérateur, il est à regretter que M. Dechazelle n'ait
rien écrit sur la peinture ; tout ce qu'il possédait de cet art, qu'il
savait démontrer avec tant de clarté, aurait été d'excellents pré-
ceptesi Son ouvrage sur les progrès et la décadence des arts est
un abrégé de l'histoire de l'art, depuis le siècle de Périclès jusqu'à
celui de Napoléon; il offre beaucoup d'intérêt, et par l'élégance
d'un style dépouillé de toute prétention scientifique, il se trouve
à la portée des gens du monde aussi bien que des artistes. On
pourrait presque dire que ce livre est la quintessence des Å“uvres
de Vinckelmann et de Dagincourt, réduite à la plus petite expres-
sion, afin d'en pouvoir faire usage sans craindre la satiété.
   Si au style on connaît l'homme, comme l'a dit Buffon, on
trouvera dans celui de M. Dechazelle la noblesse de ses senti-