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12 MONOGRAPHIE HISTORIQUE duites avec une si ferme confiance que jamais il ne s'avise d'user de la forme prudente du doute. Infiniment plus habile et plus réservé que l'antiquaire d'Oyonnax, M. Désiré Monnier a aussi décrit les vestiges celtiques du Bugey, mais sous un autre point de vue. Il s'est principalement attaché aux monuments druidiques qui peu- vent se rapporter au culte des pierres. Son commentaire est semé d'inductions attrayantes. Homme d'esprit, M. Désiré Monier a aussi ses témérités, mais il les commet avec tant d'art et il sait si bien user de la précaution du doute qu'il y aurait mauvaise grâce à les lui reprocher. Il est, d'ailleurs, difficile à un archéologue , amoureux de l'antiquité , enivré d'objets que son imagination aperçoit sous des formes déce- vantes, de ne pas embrasser des fantômes pour des réalités dans les sombres régions des âges lointains. Des fragments et des accidents de rochers ont présenté aux yeux de M. Monnier des indices druidiques, supposi- tion admissible, car le culte druidique n'est pas sans vesti- gesdans le Bugey et les eaux Brébonnes de Saint-Rambert en sont un témoignage irrécusable. Les eaux Brébonnes, suivant Pelloutier , étaient les eaux consacrées par la reli- gion des Druides. Il est regrettable que M. Monnier n'ait pas eu connaissance de celles-là auxquelles se rattachent des traditions et des légendes d'un haut intérêt et qui cou- lent depuis tant de siècles, sans avoir perdu leur qualifi- cation primitive et même leur caractère religieux. Encore à ce jour, par un usage qui remonte aux anciens temps , ces eaux servent au culte chrétien, et pour désigner, à Saint- Rambert, qu'un individu est né dans cette localité, on dit qu'il a été baptisé avec l'eau de Brébon, bien que l'Albarine y baigne les murs de l'église. Les monuments lapidaires, décrits par M. Monnier, quoi- que moins authentiques, méritent à tous égards d'être pris