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    LES B E C F I G U E S ,
                      FABLE.

              A MON   AMI   LOHIS   PER'RIN.




Sous la vigne abrités des Becs-Fins de passage
Egrenaient des raisins et devisaient entre eux :
C'était à qui ferait ses récits de voyage !
     Le Becflgue est aventureux.


« Croyez-en, dit l'un d'eux, ma vieille expérience :
A vouloir tout connaître on compromet sa peau ;
Pour l'agile miroir, pour l'incessant appeau
    Montrez-vous pleins de défiance.

     Dès qu'un bruit retentit dans l'air,
Cachez-vous dans la vigne et que l'on s'y retranche.
Ne quittez pas le cep pour la plus haute branche,
La curiosité souvent, hélas ! nous perd. »

    C'est ainsi que parlait, naguères,
A quelques étourdis des Becs-Fins le doyen.
Suivant l'usage, on ne l'écouta guères.
Les avertissements ! on les compte pour rien.
N'avons-nous pas toujours plus d'esprit que nos pères ?

Notre oiseau n'avait pas fini de discourir,
Que tous nos étoumeaux s'envolaient... pour mourir.

Ainsi de vous, aux jours des discordes civiles,
Curieux, grossissant tout turbulent essaim,
Et tombant des premiers, dès qu'au sein de nos villes
     L'émeute sonne le tocsin.
                                               LÉON BOITEL.