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SOUVENIRS ACADÉMIQUES LYONNAIS 477 m'attendre à quelque disgrâce ; heureusement un Ministre libéral lui succéda bientôt, M. Duruy, qui m'appela à l'inspection générale puis à la direction de l'Ecole normale supérieure. Malgré cet avancement considérable, ce ne fut pas sans regrets que je quittai ma ville natale où tant de liens me rattachaient. Dans mes regrets avaient place cette Aca- démie qui m'était devenue de plus en plus chère, ces séances intéressantes auxquelles j'avais été si longtemps assidu et auxquelles je ne devais plus pouvoir assister que de loin en loin. Parmi ces séances dont j'emportai à Paris le souvenir avec moi, étaient au premier rang celles où prenait la parole M. SAUZET qui, depuis qu'il était hors de la poli- tique, semblait s'être consacré tout entier aux travaux de notre Académie. Plus d'une fois, vous l'avez appelé à la présidence. Qui le méritait mieux, et qui mieux siégeait à ce fauteuil ? Je n'ai connu nulle part, même à l'Institut, de président qui eût la mémoire plus heureuse, l'improvisation plus facile, plus élégante et plus d'à -propos. Sauzet était le président par excellence ; après chaque lecture et quel qu'en fût le sujet, il la résumait, la refaisait en quelque sorte à son tour, quelquefois même il lui donnait plus d'ampleur ou de clarté. Une discussion où il prenait part s'engageait- elle, le charme était complet, surtout quand un magistrat éminent, jurisconsulte, philosophe et littérateur, le premier président GILARDIN, lui donnait la réplique. Il fallait remonter dans votre histoire jusqu'aux premières années de la Restauration jusqu'à Camille Jordan, pour trouver chez nous quelqu'un dont l'éloquence approchât de celle de Sauzet. L'Académie, fidèle à d'antiques traditions et coutumes