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68        HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET

A bas Guizot ! on criait : A bas Thiers ! A bas Barrot !
et même : A bas Louis-Philippe! il ne restait plus qu'à
crier : Vive la république ! Le roi essaya encore de rame-
ner la garde nationale en la passant en revue sur la
place du Carrousel : il fut froidement accueilli, rentra
aux Tuileries et ne put que s'affaisser dans un fauteuil.
Entourés par l'immense population de Paris, les soldats
étaient déjà trop démoralisés par les hésitations des jours
précédents pour faire une résistance sérieuse. Le maréchal
Bugeaud, pour les réconforter, voulut leur adjoindre
quelques gardes nationaux : il en chercha vainement : la
garde nationale avait disparu ou était passée à Fémeute.
   Un changement de ministère ne suffisait plus : on
demandait l'abdication du roi. La reine résista vivement,
noblement : « Plutôt mourir ici, s'écria-t-elle. » Cependant
le bruit de la fusillade se rapprochait, l'émeute menaçait les
Tuileries; le roi abdiqua en faveur de son petit-fils le comte
de Paris et se retira à Saint-Cloud.
   Le roi pensait, par son abdication, sauver au moins la
dynastie. Mais l'émeute ne s'en contentait plus; elle entrait
aux Tuileries. La duchesse d'Orléans, vaillante comme la
reine Marie-Amélie, voulait résister encore : « C'est ici,
disait-elle à son tour, qu'il faut mourir » ; et elle ordonna
d'ouvrir les portes; puis voulut monter un cheval de dra-
gons; elle pensait en imposer aux émeutiers, mais aucun
homme politique n'était demeuré auprès d'elle. Le duc de
Nemours essaya vainement de l'emmener au mont Valé-
rien pour y organiser la résistance. Au lieu de le suivre,
la duchesse, avec ses deux fils, se rendit à la Chambre des
Députés. Elle croyait encore à la puissance de la légalité,
tandis que, dans le moment, tout appartenait à la force. Elle
fut bien accueillie, essaya de parler, mais la Chambre fut