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                      JEAN BONNASSIEUX                       45 S

Beaux-Arts, fonctions qu'il a gardées jusqu'à sa mort.
Enfin, en 1881, sur la prière de Dumont, sans l'avoir
demandé et presque à son insu, Bonnassieux fut nommé
professeur de sculpture à l'Ecole des Beaux-Arts. Il
apporta dans son enseignement le cœur et l'aménité qu'il
mettait à tout ce qu'il faisait, s'occupant plus du succès de
ses élèves que de sa propre réputation, et leur donnant sans
compter son temps, son influence et ses relations. 11 offrit
sa démission en 1883 pour raison de santé.
   Voilà, ou peu s'en faut, toute la vie extérieure de Bon-
nassieux; il a vécu d'une existence modeste et sans événe-
ments. Tout entier à sa profession et à ses devoirs de père
de famille, inconnu dans ce qu'on appelle le monde, visité
chez lui chaque jour par des amis d'élite, il ne sortait guère
de son atelier que pour aller à l'église de sa paroisse, à l'Ecole
des Beaux-Arts, à l'Académie, dont il suivait les séances avec
assiduité, ou à quelque concert. Bien peu de gens savent
que la musique a été une des passions de Bonnassieux, et
qu'elle faillit même un instant le disputer à la sculpture.
Mais il vit de bonne heure qu'il ne pourrait exceller dans
deux arts si différents ; par conscience, il renonça à la mu-
sique, pour ne plus la goûter qu'en admirateur platonique;
elle resta seulement pour lui une noble jouissance, et encore
il se refusait souvent ce plaisir, pour peu qu'il pût le dis-
traire d'un travail pressé.
   Sa vie a été faite de travail, de devoir et de retraite. Rien
n'y a été donné à la pose et au tapage de la réclame; les
honneurs sont venus le trouver sans qu'il les ait cherchés ;
il n'est sorti quelquefois de son silence, pendant la pre-
mière partie de sa vie, que pour assurer sa légitime
réputation, et avec elle son travail, le bien-être de sa
famille, l'honneur et la tranquillité de sa vieillesse. Sa mo-