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344 ÉTUDES SUR QUELQUES ANNÉES sieur fît rien de vraiment efficace pour lui sauver la vie. « Il semble, disent les contemporains, que tout aurait dû finir par la mort d'un chef si illustre : mais le conseil du roi ne s'en tint pas là ; il poursuivit tout ceux que l'on soupçonna d'avoir pris part à la rébellion. Ils étaient en grand nombre, de tous états, évêques, guerriers, magistrats. Plusieurs portèrent la tête sur l'échafaud. Entre ceux auxquels on laissa la vie, les uns furent exilés ou renfermés, les autres privés de leurs dignités et confinés dans leurs maisons y traînèrent une vie obscure. » En relisant l'histoire du grand xvne siècle, on voit qu'il a été un siècle douloureux comme le nôtre. Chaque époque a ses souffrances propres. Le bon vieux temps n'a jamais existé. Vraiment on se demande en vain à quelle date de l'histoire on voudrait revivre. La seule réponse raisonnable à une telle question, c'est que la vie ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'espère point un meilleur lendemain. Heureux les hommes qui dans de pareilles épreuves ont le goût des lettres et savent trouver dans l'étude une dis- traction à leurs ennuis. Par là leur vie s'illumine. Ils con- quièrent une paix qu'ils ne connaissaient guère quand ils étaient mêlés aux affaires des grands. Ne conversant plus avec des hommes pleins de passions, de préjugés, dont les heurts sont toujours douloureux, ils lient au contraire société avec les grands hommes des siècles écoulés, et encore ne voient-ils en eux que le meilleur d'eux-mêmes. Sans doute les cœurs généreux ne peuvent en aucun cas se désintéresser du sort de leurs contemporains; ils suivent donc toujours avec intérêt les phases diverses par lesquelles passe l'histoire du temps où ils vivent, mais non plus en acteurs, en simples spectateurs. Si l'observateur apprend alors à mépriser les fantoches qui occupent trop souvent la