Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
44                  LES DÉMÊLÉS DE SOULAVIE

  Nous n'avons pas l'avis du père et du frère de Barruel
sur sa réponse à Soulavie, mais voici comment elle est
appréciée dans le recueil de Bachaumont :
   26 février 1785. M. l'abbé Barruel a rompu le silence et publié un
factum qui n'est guère mieux digéré que celui de M. l'abbé Soulavie ;
il roule uniquement sur les procédés, et comme ils consistent dans des
faits, il les rend à sa manière, c'est-à-dire de façon à se disculper par-
faitement. Le seul aveu qui échappe et qui décèle son caractère aux
yeux de ceux accoutumés à sonder les profondeurs du cœur humain,
c'est lorsque, en rendant compte d'un accommodement en train, il
saisit avec empressement une infraction prétendue de la part de son
adversaire, pour rompre la trêve et reprendre la plume ; il s'écrie dans
un accès de joie qui perce malgré lui : Que la raison, armée du fouet de
l'ironie, venge enfin la révélation !
  Le paragraphe de ce mémoire que M. Barruel aurait dû rendre le
plus intéressant, qui était le plus susceptible d'éloquence, où n'aurait
pas manqué de se peindre une âme forte et énergique, c'est celui où il
reproche à M. Soulavie de tâcher à prévenir les magistrats en leur
insinuant qu'il a été jésuite. Au lieu de saisir cette occasion de venger
son ordre et lui-même d'une pareille qualification, comme s'il avait à
en rougir, il n'y montre que cet esprit de prudence et de circonspection
qui caractérisait en général ses anciens confrères, mais qu'on doit
regarder en cette occasion comme pusillanimité (9).


  Au mois de mars, l'affaire est évoquée, suivant les désirs
de Barruel, devant les juges ecclésiastiques.
   Le 12 mars 1785,l'abbé Motret, en sa qualité de promoteur général,
de l'officialité diocésaine de Paris, a remontré au lieutenant criminel du
Châtelet, avoir eu connaissance que les sieurs Barruel et Giraud de
Soulavie sont en instance par devant lui, pour raison d'injures, que le
sieur Soulavie assure être contraires à sa foi, à son honneur, à sa répu-
tation et qu'il prétend avoir été consignées par le sieur Barruel dans un



  (9) Idem, XXVIII, 145.