page suivante »
DU RÈGNE DE LOUIS XIII 417 Ainsi vivait-on à la cour de France sous le ministre peut-être le plus illustre que nous ayons eu. Aussi, quand il mourut, quoique ce fût au fond un malheur national, la joie n'en fut pas moins grande un peu partout, car le pays étouffait sous la main puissante qui le dirigeait. La reine mère n'était plus, mais bien des prisonniers virent alors s'ouvrir les portes de leur prison et bien des exilés celle de leur patrie. Le chevalier de Jars fut de ce nombre. 11 avait passé en Italie le temps de son exil et y avait connu, pendant son séjour à Rome, Julio Mazarini, depuis cardinal Mazarin. Il fortifia par ses paroles l'opinion favorable qu'Anne d'Autriche avait conçue de la capacité de ce personnage, contribuant ainsi pour sa part à donner un successeur à Richelieu; mais il se brouilla avec le ministre nouveau quand il le vit opposé à ses amis. Le chevalier de Jars joua un rôle dans les premiers troubles de la Fronde et contribua à les apaiser en s'entremettant pour réconcilier Mazarin avec le Garde des Sceaux Chateauneuf revenu au pouvoir : on lui avait donné pour prix de ses services et de sa fidélité la commanderie de Lagny-le-Sec et l'abbaye de Saint-Satur. Il ne cessa de jouir jusqu'à la fin de sa |vie de la plus haute faveur près de la reine régente. Cependant, suivant un exemple fort répandu alors, il abandonna la Cour dans sa vieillesse, afin de mettre un intervalle entre les dissipations de la vie et sa fin prochaine. Il mourut en 1670. Le chevalier de Jars était le frère puîné de Gabriel de Rochechouart, marquis puis duc de Mortemart. Sa famille était une branche de celle des vicomtes souverains de Limoges, et comptait des alliances avec plus d'une maison royale, les maisons d'Angleterre, de Bourgogne, de Na- varre. Aujourd'hui la famille de Mortemart se trouve tri- plement alliée à la maison de Bourbon et par suite à beaucoup d'autres familles souveraines de l'Europe.