page suivante »
ÉPISODES DU SIÈGE DE LYON EN 1793 I 39 tudes. Un commencement d'agitation avait pris naissance dans les rangs subalternes de la troisième brigade d'ar- tillerie. Peu à peu, la fermentation augmenta, et dans les derniers jours de janvier, une insurrection éclata dans la ville ; plusieurs officiers durent se retirer dans le château. Le comte de Viomesnil, gouverneur des Iles-du-Vent, invite M. de Chappuis à passer à bord du vaisseau l'Illustre, afin de laisser s'apaiser une effervescence fort à craindre dans des masses de sang mêlé. L'agitation n'en devint que plus générale. La rade s'étendait entre les révoltés et leurs victimes. Les canonniers courent aux batteries qu'ils chargent à mitraille, les dirigent contre l'escadre ; un boulet atteignit la frégate Y Active, ancrée près de l'Illustre ; le pavillon royal, qui surveillait le mouvement des Anglais est insulté. Les rebelles menacent d'abîmer la frégate et le vaisseau dans les flots au premier mouvement. M. de Chappuis se dévoue, il s'arrache des bras du vicomte de Pontevès, commandant du vaisseau-amiral, le supplie de mettre une chaloupe à sa disposition et de le faire con- duire seul et sans armes au-devant de la soldatesque mutinée. Il eût été inévitablement perdu si les officiers qui l'observaient du fort ne se fussent précipités à sa rencontre. Le rapport officiel dit que le gouverneur n'échappa aux baïonnettes dirigées contre sa poitrine que par le dévoue- ment d'un sergent du régiment de la Martinique, qui lui fit un rempart de son corps. Un apaisement momentané se produisit. Cependant M. de Chappuis, toujours en butte à la calomnie, se mit en devoir d'obtenir une éclatante justifi- cation. Il n'avait rien à craindre de la justice; ses chefs s'étaient refusés à ce qu'il y fît appel avant le soulèvement. Il se constitua prisonnier pour qu'une commission, com-