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JEAN BONNASSIEUX 457 Son père n'a jamais cessé d'être Forézien et Lyonnais par le cœur. Quelques-uns, une fois transplantés à Paris, comblés d'honneurs et de gloire, ne se souviennent plus de leur province que pour en parler avec mépris; c'est plus qu'une injustice, c'est une sottise. Moins que d'autres peut-être, les Foréziens ont commis cette légèreté. Notre petite province, sans grand éclat historique, a cependant gardé de vieux souvenirs et de vieilles ruines qui attachent notre âme à nos plaines encadrées de montagnes, et notre pensée revient souvent à notre Loire et à notre Lignon. Jean Bonnassieux aimait de tout son cœur ce cher pays de Forez où il avait passé sa modeste enfance. Il nous a laissé, à Montbrison, à Feurs, Saint-Maurice, quelques- uns de ses meilleurs ouvrages. Il refaisait avec plaisir son pèlerinage à Panissières et à Feurs. Le Forez ne lui a pas été ingrat. La Société de la Diana l'a nommé vice- président d'honneur ( 3 ) , et lui a confié le soin de sculpter la statue de son grand poète Victor de Laprade. A Paris, s'est constituée la Société amicale des Foréziens; comme elle ne s'occupe ni de religion, ni de politique, ni de science, ni d'art, ni de littérature, elle écarte tout ce qui a coutume de diviser les hommes ou de créer des rivalités, et ne cultive en eux que les souvenirs du pays natal. Bon- nassieux en fut nommé président. M. le D r Gonnard,qui a prononcé aux funérailles de Bonnassieux un discours plein de cœur et d'émotion (4), nous a discrètement appris que cet honneur ne laissait pas d'être une charge assez lourde. Tous les Foréziens qui habitent Paris n'y ont pas trouvé la (3) Voy. dans le Bulletin de la Diana, t. VI, p. 301, l'allocution de M. le comte de Poncins, président de la Société. (4) Voy. ce discours dans le Mémorial de la Loire du 11 juin 1892.