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458                    JEAN BONNASSIEUX

fortune; plus d'un apprit à connaître le chemin d'une
maison où la bienfaisance était secrète, cordiale et assai-
sonnée de bonté.
   Avec l'amour du sol natal, Bonnassieux avait conservé la
foi de ses jeunes années. M. Paul Dubois Ta loué de s'être
« appliqué à la recherche.et à h pratique des idées les plus
hautes. » Il paraît que c'est une manière administrative et
officielle de faire entendre que Bonnassieux était resté
chrétien. Il l'était avec simplicité, sans faiblesse comme
sans ostentation. Quand le gouvernement du second em-
pire entreprit la décoration du Nouveau Louvre, on lui
demanda la statue de Voltaire. L'artiste refusa avec fer-
meté; il est juste d'ajouter qu'on n'insista pas; ces pré-
tendus « tyrans de la pensée » lui gardèrent si peu rancune
de sa résistance, qu'on lui commanda une statue de
Fénelon. Si quelques journaux firent de l'éclat autour de ce
petit événement, Bonnassieux fut étranger à tout ce bruit;
il fallait bien peu le connaître pour soupçonner un instant
qu'il eût calculé son refus comme un moyen de réclame
auprès du clergé; sa droiture candide était incapable de ces
raffinements d'habileté.
   Bonnassieux s'est quelquefois reposé du travail de
l'atelier en écrivant des pages d'une bonhomie charmante.
Cet homme presque sans lettres trouva sans effort un style
qui était bien à lui ; tant il est vrai que, pour écrire passa-
blement, il suffit d'être intelligent, d'avoir un sujet et des
idées claires sur ce sujet. Les lecteurs de cette Revue ont
pu juger de sa manière par ce curieux article sur Charles
Legendre que j'ai rappelé tout à l'heure, et par un travail
moins piquant, mais plus fouillé sur Michel Dumas (5)..Il

  (1) Revue du Lyonnais. 5e série, t. II, p. 185 et 319.