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JEAN BONNASSIEUX 453 conscience à tous ses ouvrages, il a sculpté avec plus d'amour et de tendresse que tout autre le beau buste de Legendre-Héral, qui est au Musée de Lyon, dans la galerie des « Lyonnais dignes de mémoire ». Bonnassieux a raconté dans la Revue du Lyonnais ( i ) la destinée singulière de Charles Legendre, fils de son maître aimé, devenu général aux États-Unis pendant la guerre de Sécession, par un enchaînement d'aventures qui tiennent du roman. Une des premières œuvres de Bonnassieux fut une statue en bois pour une vieille église des environs [de Feurs; il y tenait comme à un souvenir de jeunesse. Elle fut brisée plus tard, par je ne sais quelle étrange insou- ciance ; l'artiste en eut un grand chagrin : « Non pas, disait-il, pour ce que cela valait, mais c'était mon début ! » Dès 1834, Bonnassieux avait envoyé au Salon de Paris un Hyacinthe blessé, œuvre naïve et charmante. En 1836, il remporta le grand prix de Rome avec son Socrate buvant la ciguë ; il partit allègrement pour la terre classique, avec l'enthousiasme et la belle humeur de ses vingt-cinq ans. A Rome, entre autres camarades, Bonnassieux trouva le peintre lyonnais Michel Dumas, dont il a fait revivre depuis la physionomie un peu oubliée. C'est à - la Villa Médicis qu'il fit l'Amour se coupant les ailes, la plus élégante peut-être de ses œuvres profanes, aujourd'hui au Musée du Luxembourg; exposée au Salon de 1842, elle valut à Bonnassieux une 2me médaille. En 1844, il obtint une i r e médaille avec son David lançant la fronde, belle et fière statue, dont le marbre fut malheureusement détruit par accident, mais qui a été reproduite en bronze pour l'expo- sition de 1878. (1) 5« série. T. I«, p . 354 (1886).