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334            ÉTUDES SUR QUELQUES ANNEES

bien à lui que notre pays dut alors la prise de Chambéry et
de la plus grande partie de la Savoie. Ce qui prouve qu'un
roi n'est pas un rouage inutile dans une machine compli-
quée comme le gouvernement d'un grand peuple. Un prince
digne de son rang, ayant l'intelligence du rôle que lui
confie la Providence, sait ainsi donner à la chose publique
l'appui de son pouvoir; il impose silence aux compétitions,
aux haines suscitées par les vues ambitieuses des hauts
fonctionnaires. Les hommes ne sont jamais parfaits ; loin
de s'éionner que les ministres dirigeant la politique, ou les
généraux commandant les armées aient des défauts, parfois
des vices, il faut profiter de leurs qualités de comman-
dement ou d'administration, en se garant le mieux possible
des dangers que leurs passions peuvent faire courir à la
chose publique. Le pouvoir modérateur fait partie du rôle
royal. Louis XIII le comprit. Le prince par lui-même
n'avait pas un grand esprit ; son caractère était triste,
ombrageux, peu aimable ; il tenait cependant du Ciel, avec
un grand amour de la gloire de sa maison et de celle de la
France, identifiées en sa personne, la grâce de discerner
parmi les sollicitations diverses et constantes qui l'assié-
geaient, celles qui répondaient le mieux à l'intérêt du
royaume. Par là, on s'explique comment il sut se dérober à
l'ascendant d'une mère qu'il aimait, et subir celui d'un
ministre qu'il n'aimait pas. Parla aussi, par ce que j'appel-
lerai le don royal ,celui du discernement des besoins réels
de la nation, il a eu un règne vraiment grand et mérite
d'être associé par l'histoire à toute la gloire du cardinal,
car celui-ci, sans l'appui de son maître, n'aurait rien pu.
  Le roi fit pendant trois mois une campagne assez pénible
dans un pays infesté de maladies. Mais aussi s'était-il pen-
dant ce temps emparé de presque toute la Savoie. Vers la