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DU RÈGNE DE LOUIS XIII 335 fin de juillet, se trouvant à Saint-Jean-de-Maurienne avec Schomberg et Richelieu, il tomba malade lui-même, ayant eu un fort accès de fièvre, et, crainte de pis, son retour à Lyon fut décidé. Pour donner une idéede l'état de l'armée et du courage qu'avait montré Louis en restant dans les camps, nous rapporterons ici le propos de Soudeilles, un Gascon probablement. Ce personnage venant parler à Richelieu au camp de Saint-Jean-de-Maurienne, de la part de Montmorency, alors à Pignerol « déclara que la peste était si dangereuse et la contagion si grande en cette ville, que les oiseaux mêmes tombaient morts en passant au- dessus d'elle. » Revenu à Lyon, le 7 août, le roi eut encore quelques accès de fièvre, et comme l'on présuma que sa santé l'obli- gerait à séjourner assez longtemps en cette ville, on lui prépara, pour qu'il fût mieux installé, un logement dans la maison de Mme de Chaponay, place Bellecour. Le 22 sep- tembre, l'état du prince empira au point que le 30, on le tînt pour mort. Monsieur, son frère, alors à Paris, en partit pensant qu'il n'avait qu'à aller recueillir un si bel héritage. Cette perspective donna lieu à mille cabales; les ennemis du cardinal, et ils étaient nombreux, crurent sa perte assurée; on délibéra sur la manière dont on se déferait de lui, aussi bien dans l'entourage de la reine-mère que dans celui de Gaston. Mais tout à coup, le 2 octobre, Louis revint à la santé. Le cardinal était auprès de lui, prêt à soutenir son pouvoir chancelant ou à prendre des mesures pour assurer sa retraite. Les ennemis du ministre, après ce qu'ils avaient médité ouvertement contre lui, pensant bien qu'il ne le leur pardonnerait pas, s'il demeurait en crédit, poussèrent la reine-mère à le ruiner dans l'esprit de Louis XIII, avant qu'il pût leur faire du mal. C'est dans