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DU RÈGNE DE LOUIS XIII 333 çaise se massait autour de Pignerol qui, dépourvue de défenseurs, fut obligée de se rendre peu après. Créquy revint sur ses pas aussi promptement qu'il put. Sa position était critique, car si les Piémontais affolés n'avaient perdu la tète, ils pouvaient lui couper la retraite, le séparer du reste de l'armée française, et, profitant de son isolement, l'écraser. C'était le danger de cette manœuvre. Ce malheur n'arriva pas, et nos généraux purent se réjouir ensemble d'avoir sans coup férir emporté Pignerol. Cette ville, investie le 20 mars, fut prise le jour de Pâques, qui tombait cette année le dernier jour du même mois. Après ce premier succès on pouvait en espérer d'autres. Une armée si facilement victorieuse, commandée par des chefs illustres, ayant à sa tête le second personnage de l'Etat, devait être impatiente de marcher à l'ennemi. Elle n'était cependant encore en ce moment ni assez forte, ni assez munie du nécessaire pour pousser son succès et en profiter complètement. Les intrigues de cour et les puis- santes inimitiés, suscitées par la conduite hautaine et l'absolutisme de Richelieu, vinrent entraver sa marche vic- torieuse en lui faisant refuser subsides et recrues. La situation de l'armée ne pouvant que difficilement se pour- voir de fourrages et de vivres, devenait même précaire, et l'Italie aurait pu être le tombeau de la gloire de Richelieu, si Louis XIII, plus patriote que son entourage, n'était venu lui-même au secours de son ministre. Le prince était parti dès le mois de mars 1630 pour Lyon, où il séjourna jus- qu'au 8, pour se rendre de là à Grenoble. L'animosité contre Richelieu était si grande et si mau- vaise volonté de ses adversaires si manifeste, que Louis lui-même eut peine à avoir l'argent et les troupes néces- saires. Cependant tout céda enfin à l'ascendant royal ; c'est