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NAPLES EN 1792 165 de l'année tombe par torrents. Les nuits sont belles et en janvier on fait des promenades de nuit fort agréables, sur le bord de la mer. Les voitures sont communes ; le plus simple boutiquier a la sienne pour se promener les jours de fête. Tous les vendredis de mars on étale au pont de la Madeleine les plus belles voitures attelées de huit chevaux guidés par un seul cocher. Aux fêtes de Noël, les rues sont encombrées de provisions artistement arrangées : ce sont des jours de man- geaille où l'on engagerait son matelas plutôt que de ne pas faire un festin. Le clergé fourmille. La plupart des prêtres n'ont souvent que leur messe pour subsister : on en trouve au coin des places tout en guenilles et crottés jusqu'aux épaules, qui attendent qu'on vienne les louer, pour escorter un convoi au cimetière, ou aller donner une messe à quelque seigneur. Le 12 juin 1794, à dix heures du soir, une éruption du Vésuve s'annonça par un tremblement de terre qui se renou- vela le 15 à la même heure. L'explosion se manifesta par cinq ouvertures dans la montagne. Elles vomirent des tor- rents de lave avec un bruit épouvantable. La lave forma une rivière de feu de 16 pieds de hauteur sur 60 de largeur : elle alla se jeter à la mer en ravageant dans son chemin tout ce qu'elle rencontrait; le village de la Torre del Greco de 18.000 âmes fut à moitié englouti. Toute la semaine l'atmosphère resta obscurcie par les cendres vomies avec la lave. Je suis sorti de Naples en 1799 avec l'armée française qui abandonnait le pays sous le commandement du général Macdonald, après trois mois d'envahissement pour aller au secours de la Haute-Italie conquise par le général russe Sou- N° 3 . — Septembre 1S92. 12