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l66 NAPLES EN I792 varow. Nous revînmes par Caserte, Capouejltri, Terracine aux Marais Poutins, où j'eus une alerte. J'étais chargé de la conduite du fourgon où était le trésor de l'armée, et escorté de cinq dragons. Je m'arrêtai au milieu des marais dans une auberge abandonnée pour y faire reposer mon convoi, mais nous n'eûmes pas débridé que des brigands à cheval nous vinrent attaquer. Mes dragons les arrêtèrent pendant que nous rebridâmes pour continuer notre chemin. Des renforts qui arrivèrent à temps nous en délivrèrent et j'en fus quitte pour la peur. Passant par Albano nous vînmes à Rome, autrefois capi- tale de l'univers, aujourd'hui capitale du monde chrétien. Cette ville a encore 150.000 âmes. La plus belle de ses portes est celle del Populo, en face de trois grandes rues, dont celle du milieu est la célèbre via Flaminia qui servait anciennement au passage des triomphateurs et qui conduit en Toscane. C'est aujourd'hui la rue du cours la plus fré- quentée des Romains. Le Colisée n'est plus que ruines. Ce qui fait le plus bel ornement de l'église Saint-Pierre, c'est l'énorme coupole déjà assez belle par elle-même pour faire la merveille de l'univers. On l'a élevée sur quatre colonnes au-dessus de cette église, et elle est assez vaste pour que seize hommes puissent s'asseoir en cercle dans la boule qui supporte la croix dont elle est couronnée. Après avoir séjourné quinze jours à Rome, à une époque où il n'y avait d'autre souverain que l'armée française et où régnait une telle disette qu'il fallait faire queue douze heures de suite à la porte des boulangers, pour attendre quelques onces de pain, j'ai pris la route de Toscane. De Florence je suis allé à Livourne, où je me suis embarqué pour l'île de Caprara qui a cinq lieues de tour, avec un seul village de 2.000 âmes : elle est éloignée de demi-heure de la Corse.