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NAPLES EN I792 T 6l moyen d'une lettre décachetée qu'un des voyageurs avait dans sa poche. Nous arrivâmes à Bourgoin et à la Tour-du- Pin, où je trouvai un camp de dix mille Français prêts à envahir la Savoye. Au Pont-de-Bonvoisin, je passai la fron- tière par le moyen d'un cordonnier municipal auquel j'étais recommandé et qui me quitta lorsqu'il m'eut mis sur les terres de Savoie : J'arrivai à Chambéry, capitale du duché de Savoie, et j'y demeurai trois semaines. Je quittai cette ville avec un passeport que j'obtins du gouverneur de Chambéry, et un certificat de M. Courbon, vicaire général du diocèse de Lyon, qui émigrait pareillement. Je séjournai trois semaines à Fribourg, que je quittai de compagnie avec deux confrères émigrants, MM. Couturier et Jac- quet (2). Nous avons passé ensuite par la ville de Berne, l'abbaye de Saint-Urbain, dans laquelle nous avons trouvé l'hospi- talité pendant trois jours. Nous avons été ensuite nous fixer près de là , dans la petite ville de Sursée, de deux mille âmes, située dans le canton de Lucerne. J'y ai demeuré avec ces deux amis depuis le mois d'oc- tobre 1792 jusqu'au mois de mars 1793. J'y ai éprouvé tous les bienfaits d'une généreuse hospitalité, par l'entre- mise d'une vertueuse demoiselle de condition, de la famille de Vartensée ; je n'en dirai jamais assez pour exprimer (2) Dans le tableau général des prêtres du diocèse de Lyon ( i « ven- démiaire 1802), conservé aux archives de l'Archevêché, nous trouvons la note suivante pour M. Couturier: Couturier, J.-B., ex-curé de Coise, y exerçant, âgé d'environ 60 ans, ayant beaucoup travaillé pendant la Révolution. Ce même Tableau indique neuf prêtres portant le nom de Jacquet, et l'abbé Duc ne fournit aucune indication qui permette de reconnaître quel fut celui qu'il rencontra en Suisse.