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l62                   NAPLES EN I792

toute ma reconnaissance de ses bienfaits : plusieurs bonnes
âmes fournissaient avec abondance à tous mes besoins.
    J'ai quitté Sursée pour aller en Italie, en passant par
Lucerne, Altorf, le pont du Diable, le Saint-Gothard que
j'ai traversé par un chemin couvert de neige. J'eus ensuite
beaucoup à souffrir du sbire qui m'accompagna, de Pavie à
Belgiojoso.
    Je traversai le Pô pour aller à Saint-Jean de Castel, où
je pris une chaise de poste pour me rendre à Plaisance,
ce qui surprit le maître de poste, car, voyant ma tour-
nure en guenille, il ne croyait pas ma bourse assez
fournie pour cette dépense; je demeurai trois semaines logé
à l'hospice de Bologne, avec grand nombre de prêtres
français émigrés qui y étaient arrrivés avant moi. Je fis
demander au Gouvernement la permission de me rendre à
Naples, par la route de Rome, mais ne pouvant l'obtenir,
je pris celle de Livourne par Florence. Je m'embarquai à
Livourne et me rendis à l'isle d'Elbe. De Porto-Ferrajo
j'allai passer huit jours à Porto-Longone, où le gouverneur
nommé Odea m'invita à dîner et m'envoya au bâtiment
deux bouteilles de bon vin blanc du pays. En quittant
Porto-Longone, nous fûmes assaillis d'une tempête qui
nous a jetés sur les côtes de Palerme, d'où nous sommes
entrés, le 3 juin 1793, par le golfe, dans la belle ville de
Naples.
   Je me rendis à la maison de commerce à laquelle j'étais
adressé par celle de Lyon, sous la raison de Burlat et fils,
avec laquelle elle était associée. On m'y envoie pour en
soigner les intérêts, parce qu'on espérait que ma qualité de
prêtre émigré serait un titre pour que le Gouvernement me
laissât tranquille. J'y ai séjourné six ans, pendant lesquels
j'ai eu le temps d'en connaître la position, les mœurs et les