Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 n8                   PHILIPPINE WELSER

ans après (juillet 1564). Son emprisonnement avait duré
près de seize ans.
   Cet épisode des persécutions des Frères de l'Unité, est
presque l'unique rayon dont brille la vie obscure de Philip-
pine en Bohême; mais il suffit pour montrer en elle un cœur
généreux et compatissant.
   Trois ans après, en 1567, Ferdinand s'étant démis de la
lieutenance de Bohême qu'il avait exercée pendant près de
vingt ans (18), alla gouverner le Tyrol que son père
lui avait laissé en héritage, et s'établit au château d'Ambras,
situé sur la rive droite de l'Inn, à peu de distance à l'est
d'Innsbruck. Philippine l'y suivit secrètement, leur mariage
n'étant pas encore connu.
   Du moment où elle demeure en Tyrol, les preuves
de la bienveillance de Philippine se multiplient. Les
malades et les infirmes, les pauvres surtout, éveillent
sa sollicitude. Sa compassion pour eux était d'autant
plus vive qu'elle ne jouissait pas elle-même d'une bonne
santé. Sa résidence favorite d'Ambras devint comme un
hôpital et un hospice. Son médecin, Handsch, nous fait
connaître quels étaient ceux qu'elle y admettait. On trouve,
dans les listes qu'il nous a laissées, des prisonniers turcs,
un Moscovite, une jeune fille turque, un encaveur, un
menuisier, un douanier du petit village voisin d'Aldrans,
plusieurs idiots, des épileptiques. Philippine ne demandait
pour leur admission d'autre titre que la misère. Elle avait
à Ambras une pharmacie bien installée, où elle préparait
elle-même les médicaments avec l'aide de son apothicaire
Gorin Guaranta. Il ne lui manquait aucune des pommades
et des potions recommandées par la médecine du temps.

 (18) De la fin de 1547 au commencement de 1567.