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                          CHARLES FUSTER                          103

usage fréquent des répétitions et arrive, par ce moyen, à
donner à sa pensée un relief saisissant. Un pareil procédé,
bien que simple en apparence, demande un talent exercé
et sûr de lui. Je ne conseille pas aux novices dans l'art des
vers, de s'en servir... avant de nombreux essais préalables.

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                                 **

   En résumé, si j'ai tenu à signaler à l'attention des lettrés
lyonnais l'œuvre de M. Ch. Fuster, c'est parce que
j'ai trouvé en ce poète des sentiments pénétrés, con-
vaincus, sincères ; une tendresse d'âme virile et douce en
même temps; des pensées élevées; uue absence complète
de vanité littéraire et presque pas d'égotisme. Il n'a pas
mêlé, comme l'a dit quelque part M. Anatole France,
« d'insolentes espérances à sa volupté esthétique. »
   Suisse d'origine, Charles Fuster a gardé de son pays
d'enfance la nostalgie des sommets ; il a cherché l'Idéal sur
les hauteurs que le subtil Gabriel Sarrazin ( i ) appelle « l'em-
pire de l'aile ». Il semble que ses idées aient germé près des
monts immaculés ou parmi ces paysages dont parle Edouard
Rod, a enveloppés dans un silence que font ressortir,
plutôt qu'ils ne le troublent, quelques bruits mystérieux,
des cris d'oiseaux, un vague bourdonnement d'insectes
cachés dans les fleurs, et, venant de très loin, perceptibles
à peine, les sons des cloches des vaches et les aboiements
des chiens (2). »
  Et tandis qu'à l'horizon les glaciers scintillent et miroitent


   (1) Gabriel Sarrazin, La Montée, (Paris, Perrin). Je ne saurais trop
recommander la lecture des très belles pages de ce volume.
   (2) Edouard Rod. Nouvelles romandes.