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102 CHARLES FUSTER de touche, une habileté de main réelle. Dans plus d'une de ces pages descriptives, le pastelliste ne le cède en rien à l'écrivain. II L'esthétique de M. Fuster est haute. Il ne porte pas en son cœur cet amour de la solitude que chérissent la plupart des poètes. Il tend à l'Infini, mais il aime l'existence, quoi- qu'il en dise ; il aime la vie de famille, la calme vie du foyer, égayé par les sourires de l'épouse et les gazouil- lements de l'enfantelet ; il aime aussi ses frères les hommes. Et comme il sait que sous le fardeau des jours, les courages chancellent parfois, il s'apitoie, s'efforce de consoler et trouve en son cœur de fiers accents de pitié émue. Ses vers sonores rendent admirablement sa pensée légè- rement mystique, parfois angoissée et en quête de l'oiseau bleu « caché dans l'aubépine », comme dit la chanson; son âme se réjouit et s'attriste tour à tour des illusions créées par la Chimère aux heures où elle s'établit à notre chevet. Néanmoins, si l'Idéal lui semble parfois difficile à atteindre, la poursuite du Beau bien aride, qu'importe ! Le rêve du poète, pour n'être qu'un rêve, n'en fournit pas moins à qui le poursuit, toutes les plus hautes joies que puisse procurer l'intellectualisme. La langue de Ch. Fuster est pure. Il emploie avec succès des vers bicésurés, comme dans l'Extase, d'une intensité rythmique rappelant les sonorités d'expression de l'exquis poète Jean Rameau. Mais il emploie de préférence l'alexan- drin qu'il compose avec une grande facilité. Il fait un