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94                     LE TIERS-ORDRE

avoir l'oeil sur lui et être peu disposé à l'indulgence; aussi
à la première faute fut-il condamné au cachot. Il faut croire
que ces dissentiments intimes avaient écho au dehors, car
voici une lettre d'un sieur Chirat, maître d'école à la Guil-
lotière, adressée au Père procureur du couvent de Trévoux,
qui nous met au courant de l'étrange dénoument de cette
affaire, « Les Messieurs de l'Académie sont allés, cin-
q u a n t e ^ bande, tous armés jusqu'aux dents, ont escaladé
les murs du jardin de la rue du Bourreau avec une échelle,
sans aucun bruit, car qui que ce soit du couvent ne s'en est
aperçu, et ils sont allés droit au cachot où le Fr. Ruppert
était détenu, ils ont scié deux barreaux et l'ont tiré avec des
draps, et ils ont eu bien de la peine à le sortir, car le pauvre
homme prit mal au cœur quand il en fut dehors, de là ils
l'ont porté à quatre jusqu'à la traille, qu'ils ont passée entre
minuit et une heure, et ils l'ont conduit dans un endroit à
Lyon pour le remettre, mais il a bien de la peine à se
remettre, l'on croit même qu'il en mourra. »
   Les Académiciens dont il est question sont les élèves de
l'École Vétérinaire, fondée par Bourgelat. Bourgelat fut
l'initiateur de la science vétérinaire. Il établit d'abord une
infirmerie près de son manège à Perrache, alors qu'il était
directeur de l'Académie royale d'équitation de Lyon, que
Louis XIII, avait fondée en 1620. Plus tard, l'intendant de
Lyon, Burtin, y accueillit favorablement le projet de Bour-
gelat, et un arrêt du Conseil, du 5 août 1761, institua une
École Vétérinaire à la Guillotière; c'est là que le 1" janvier
1762 s'ouvrit une école qui n'avait point de modèle. On la
prit pour une succursale de l'Académie d'équitation. Aussi
l'École Vétérinaire a-t-elle conservé, parmi le peuple lyon-
nais, le nom d'Académie. Le lieu où elle fut établie à la
Guillotière a porté longtemps le nom de Pré de l'Académie.