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           HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET                6l

   Plusieurs procès retentissants vinrent encore augmenter
les embarras du gouvernement. Deux anciens ministres,
tous deux pairs de France, MM. Teste et Cubières, con-
vaincus de s'être laissés corrompre dans l'exercice de leurs
fonctions, furent condamnés à l'emprisonnement; et le duc
de Choiseul-Praslin, également pair de France, allait être
jugé pour avoir assassiné sa femme, lorsqu'il s'empoi-
sonna.
   On voulut rendre le gouvernement responsable de ces
crimes; on lui reprochait de tout corrompre à l'intérieur et
de persister dans son système de corruption en refusant de
rien réformer.
   Cependant l'opposition grandissait, moins dans les
Chambres toutefois que dans le pays.. On trouvait qu'avec
un suffrage restreint, n'ayant pour base que la fortune, la
France n'était pas exactement représentée, et que le nombre
des fonctionnaires qui faisaient partie des deux Chambres
enlevait au parlement une partie de son indépendance. On
faisait observer que la presse gouvernementale n'avait que
vingt mille abonnés, tandis que la presse opposante
en comptait cent cinquante mille. On proposa l'abaisse-
ment du cens électoral de 200 à 100 francs, avec adjonction
des capacités et exclusion des fonctionnaires. Ces deux
réformes furent repoussées à de fortes majorités.
   L'opposition se mit alors à agiter l'opinion en faveur de
la réforme; elle organisa des banquets à Paris et en pro-
vince : ils réussirent peu tout d'abord. M. Odilon Barrot,
leur principal promoteur, était bien loin de vouloir ren-
verser la monarchie. Un jour cependant, disait alors un
publiciste, « il se frotta les yeux et s'aperçut que depuis trois
ou quatre mois, on le faisait dîner avec la république. » Il
n'en persista pas moins jusqu'à la fin dans son aveuglement.