page suivante »
444 NÉCROLOGIE. Le diocèse de Belley vient de perdre une de ses célébrités, on pourrait dire une de ses gloires. M. Jolibois, curé de Trévoux depuis 1828, doyen d'âge des chanoines honoraires de Belley, membre de plusieurs sociétés savantes et cheva- lier de la Légion d'honneur, est mort le 26 avril, dans sa 81e année. Né à Voiteur (Jura,) le 30 mai 1794, il fut professeur de rhétorique au petit séminaire de Meximieux, et il compta parmi ses disciples plusieurs prêtres distingués, entre autres l'abbé Gorini, élève encore plus illustre que son maître. Successivement vicaire à Ampuis, dans le diocèse de Lyon, dont celui de Belley faisait alors partie, curé à Sulignat, à Cerdon et enfin à Trévoux depuis 47 ans, il a vu passer dans cette ville et dans le canton plusieurs générations de parois- siens et de confrères. On a parlé souvent de l'érudition de M. Jolibois, en his- toire et surtout en géographie ; elle était passée en proverbe et tenait du prodige ; la réalité est au-dessus de tous les éloges. Les voyageurs qui se préparaient à visiter les pays lointains, après avoir consulté tous les ouvrages qui pou- vaient les éclairer sur leur itinéraire, venaient feuilleter les cartes de M. Jolibois et conférer avec le savant curé. M. le curé de Trévoux et sa bibliothèque étaient un double but de pèlerinage pour les voyageurs, les savants, les anti- quaires et les écrivains de province, qui, tous, trouvaient à la cure une gracieuse et généreuse hospitalité. La mémoire de M. Jolibois, en fait de géographie ancienne et moderne, était écrasante, implacable ; pour la caractériser, j'emprunte un mot de M. Chateaubriand, il pourra paraître ambitieux, il ne l'est pas, et il peut seul rendre ma pensée : En matière de géographie. M. Jolibois était un effrayant génie, comme Pascal en d'autres. Il n'y avait pas de petit ruisseau dans l'ancien et le nouveau monde qui eût échappé à ses regards, dont il n'eût exploré les bords, qu'il n'eût vu couler sur ses cartes ; il connaissait les rues des villes de la Chine (du moins celles que lui donnaient ses cartes), comme