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30                LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON

 cette situation regrettable, adressèrent, le 3 messidor
 an IV, aux administrateurs du département du Rhône un
 rapport que je crois devoir rapporter ici en entier. Il
 dépeindra mieux que je ne saurais le faire l'état de
 plusieurs de nos bibliothèques, à ce moment, et la
 pénurie des finances de la ville qui ne pouvait même pas
 payer ses employés.
    « Citoyens, disent-ils, la maison des ci-devant Laza-
 ristes a été vendue et livrée à l'acquéreur. Les bibliothé-
 caires de Y Ecole centrale, par une obligation de leur place
 et comme citoyens gens de lettres, réclament la biblio-
thèque qui est dans cette maison, et sur laquelle ils ont
fait mettre les scellés, il y a six mois. Cette bibliothèque
 qu'on peut, à sa moindre valeur, estimer, avec ses tablet-
tes, vingt mille francs en numéraire, court grand risque
néanmoins d'être perdue pour la nation, si elle n'est pas
transportée, tout de suite, ou au Grand ou au Petit-Collège
qui est dans le voisinage, et qui sont les seuls bâtiments
nationaux qui soient, par la loi, hors de l'atteinte des
soumissions; mais les bibliothécaires sont absolument
sans argent et sans autre moyen d'effectuer ce transport que
les sciences et surtout l'intérêt de la nation exigent indis-
pensablement, car voudra-t-elle perdre un objet de vingt
mille francs en numéraire pour économiser momentanément
quelques centaines de francs en mandats.
   « Le même inconvénient va se présenter pour la biblio-
thèque des Carmes-Deschaux, dont la maison est soumis-
sionnée. Cette bibliothèque vaut assurément et sans
exagération plus de cent vingt mille francs en numéraire ;
elle est pleine d'excellents articles qu'on ne trouve nulle
part aussi bien tenus et aussi complets : la boiserie des
tablettes est très-belle ; il y a, d'ailleurs, plusieurs articles
en chandeliers d'église, e t c . , qui ne regardent point la