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      A l'expiration de la huitième aurore.
      Là, comme auparavant d'implacables ennuis
      Régnent dans la maison, les jours comme les nuits,
      Dieu sait quels embarras ! que de soins il faut mettre
      A régler la chaleur sur un bon thermomètre,
      Pour que du jeune ver les membres délicats
      Soient à l'abri du froid et qu'il ne souffre pas.

  A cet âge souvent l'affreuse muscardine
  Empoisonnant soudain le ver qu'elle assassine
  Ensevelit d'un coup, sous son vaste linceul
  Ces êtres bien-aimés sans qu'il en reste un seul ;
  Foudroyant choléra, funeste épidémie,
  Qui fait qu'on se lamente autant que Jérémie ;
  Quand on voit sur leur planche, inanimés, perdus,
  Ces vers qu'on idolâtre et...qui font tint d'écus !
  Mais si votre chambrée, échappant au naufrage,
  Arrive, sans encombre, à son cinquième âge,
  De la bruyère alors dont le ver a besoin
  On saisit les rameaux, disposés avec soin,
  Et vous entrelacez, comme autant de lianes,
  Leurs élastiques brins pour former des cabanes.
  Par un commun instinct, docile aux mêmes lois,
  Le bataillon s'ébranle et s'achemine au bois ;
  Les premiers qui sont mûrs abandonnent les planches,
  Et presque au même instant les bruyères sont blanches,
  Le reste suit de près et, sans faire défaut,
  Prend son dernier repas pour monter à l'assaut.
  Le ver, en un seul fil dont le corps se déploie
  Semble ne plus former qu'une masse de soie,
  Que l'artiste, exprimant de sa bouche en flocons
  Convertit sur-le-champ en splendides cocons !
                                           UN CoLÉorrÈRE.

         Pour copie conforme,
               LÉON GoNTIER.