page suivante »
14 LES BfBLIOTHÈQUES DE LYON ne parlaient plus de leurs vertus, de leur civisme, qui n'étaient que des masques dont ils se couvraient pour assassiner et voler. La vraie vertu avait repris le dessus sur les haines et les passions sauvages dont Lyon avait été si longtemps victime. Le représentant Poullain de Grandprey, continuant son manifeste, ajoute : « Déjà les représentants Boisset et Dupuy se sont occupés de cet important objet. Le pre- mier, en formant dans Yèdifice de Saint-Pierre un vaste dépôt de livres, de machines et de tableaux; le second, en nommant un Conservatoire pour diriger tout ce qui tient à l'instruction, et un jury chargé de choisir les professeurs pour YEcole centrale, et en affectant les bâtiments du Collège et le jardin de l'Institut de l'Oratoire à l'établisse- ment du Jardin botanique (1). (1) Voici comment s'exprime à cet égard un jeune écrivain lyon- nais, M. Fontanes, dans son intéressant travail sur le Muséum d'his- toire naturelle de Lyon,si splendidement réorganisé par M. le docteur Lortet et par M. Chantre. « Bientôt l'orage révolutionnaire gronda sur toute la France, emportant pêle-mêle dans ses rafales les hommes et les choses, les abus du passé et les récentes conquêtes de la liberté. Mais une protec- tion plus ou moins efficace ne cessa de s'étendre sur tout ce qui tou- chait à l'instruction publique. Même au plus fort de la tempête, alors que les belles façades de Bellecour tombaient sous le marteau de Couthon, que les canonnades et la guillotine inondaient de sang les Brotteaux et la place de la Liberté, des mesures étaient prises pour sauver de la destruction à laquelle Ville-Affranchie était vouée, les monuments précieux des sciences, des lettres et des arts. « La multiplication des comités en temps de révolution n'est pas un phénomène nouveau. En 1793, les salles de l'Hôtel-de-Ville avaient peine à les contenir tous. Commissions temporaires révolutionnaires, comités de séquestres, de démolitions, de dénonciation, etc., etc. Les objets d'histoire naturelle furent obligés de leur céder la place. Ces