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144 NOTES SUR WOERIOT. nion, et l'on peut constater dans l'ouvrage même de M. Didot combien elle est peu solidement établie. Le judicieux cri- tique, cherchant à étayer cette hypothèse sur quelque fait, n'en trouve point d'autre qu'une simple coïncidence, savoir que le premier ouvrage avec date où l'on trouve des gra- vures de Cousin étant de 1544, et les premières impressions lyonnaises illustrées par le Petit Bernard datant de 1547, rien ne s'oppose à ce que ce dernier ait été son élève. Or, justement au contraire, il est prouvé que Bernard Salomon travaillait à Lyon dès 1540, par conséquent quatre ans avant les publications parisiennes illustrées par Cousin ; ce n'est donc pas ce dernier qui lui aurait servi de guide dans ce genre artistique. D'un autre côté, il paraît que Jean Cousin et Bernard Salomon ont dû être à peu près du même âge; tous deux semblent être nés dans les commencements du xvi" siècle. Il résulte, en effet, du testament (1) de notre artiste lyon- (I) Je dois la connaissance de ce document inédit à l'obligeance de M. Brouchoud qui l'a découvert dans le riche dépôt des archives de la Cour, mine précieuse qu'il a, le premier, fait connaître et révélé aux érudits. Cet acte où notre artiste est appelé : « honnête homme, Bernard Salomon, peintre, demeurant à Lyon, dans sa maison d'habitation, » est daté du 19 octobre 1559. Il y désigne ses deux enfants, Jean Salomon, son fils, et Antoinette, sa fille, femme de Robert Granjon; il rappelle aussi leur mère, Anne Marmot, sa première femme, et la seconde, Louise Missilicu ou Michelieu. Ce document confirme les conjectures que j'avais émises dans l'article précédent (Restitutions artistiques) sur la date de la mort du Petit Bernard. Il autorise aussi la version que j'avais adoptée pour le nom de famille de cet artiste sur lequel on n'était pas fixé, et que des auteurs ad- meltaieut être Bernard, Salomon étant regardé par eux comme le prénom. Ce prénom aurait donné à croire que l'artiste était protestant, sentiment que l'on était disposé à admettre volontiers d'après cette tendance où l'on est de nos jours de faire de tous les hommes romarquables du xvie siècle des adeptes du protestantisme. Or, Bernard Salomon était catholique, et son testament le qualifie ainsi.