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2'J8 LE SALON DE 1 8 7 5 . Allons voir enfin, sous les hautes fenêtres de la troisième salle, cachées comme d'humbles fleurettes, les exquises miniatures de MM. Jance et Brunarà : cela repose les yeux. Quelle fraîcheur et quelle délicatesse ! quelle grâce char- mante sans recherche et sans afféterie! Nous devons féliciter ces artistes de talent des efforts qu'ils font pour tirer leur art de l'oubli où il est malheureusement tombé depuis l'in- vention populaire de la photographie. Mais voici de magnifiques paysages qui se déroulent devant nos yeux et nous invitent à les parcourir. * * Toutes les saisons s'offrent aux regards. M. Castan a raison de peindre Y Automne, dont les teintes puissantes et harmonieuses conviennent bien a sa palette chaude et accentuée. Nous aimons moins son Intérieur de forêt, qui manque d'air et où les nuages paraissent assis sur les arbres. VHiver, avec son manteau de neige, est représenté par M. Breton. Pourquoi M. Chenu déserte-t-il le poste d'hon- neur? Lui seul a le secret de ces oppositions de lumière et de ces effets bizarres. Nos paysagistes semblent entrer dans une voie nouvelle qui devra donner a cette branche de l'art plus de variété et d'intérêt : non contents d'imiter les formes et les couleurs sans nombre de la nature, ils cherchent a en saisir les phénomènes les plus multiples et les effets les plus subits, teisque le crépuscule, le clair de lune, l'orage, etc.. Voyez, par exemple, le paysage de M. Roman, Avant la pluie : le ciel se couvre, les arbres s'assombrissent, la mare devient terne ; ces effets sont admirablement compris et rendus, et il semble qu'en prêtant l'oreille, on entendrait coasser les grenouilles.