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VICTOR DE LAPKADE H7 Est-ce bien elle ? Un baiser donné et rendu, deux noms répétés ne permettent plus le doute. D'abord ce sont des pleurs, des mots à demi-voix, des soupirs, l'expression d'un tendre et chaste amour. Mais courte est cette explo- sion du cri de la nature ; bientôt les larmes sont essuyées et Pernette accomplit son message. « La montagne est bien haute et la forêt bien grande, » répond en souriant le courageux réfractaire. Nombreux sont nos sapins; leur ombre nous protégera. Si l'ennemi nous suit jusqu'au pied de ces rochers, nous le broierons sous l'avalanche de leurs blocs. Et d'ailleurs, n'avons-nous pas du plomb et de la poudre ? c Partout n'avons-nous pas d'invisibles amis? Je ne crains sur ces monts soldats ni capitaines ; Une force m'y vient du granit et des chênes, La terre où je suis né ne me trahira pas. » Le voyant si ferme, Pernette ne lui cache rien, ni la démolition de la maison maternelle, ni la fuite de Madeleine sous son propre toit. La colère effleure l'âme du proscrit à ces mots ; reprenant presque aussitôt possession de lui- même : a . . . Je rebâtirai plus solide et plus grande Notre antique maison, afin que j'y commande. Je veux être un aïeul et fonder à mon tour, Et les fils de nos fils nous béniront un jour. » Le visage de la jeune fille s'épanouit. Elle est flère de pouvoir admirer ce qu'elle aime. « . . . . Je savais, ami, ce que tu vaux. » Et trouvant l'oubli du danger dans la splendeur du ciel