Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         VICTOR DE LAPRADB                        421
de sa bouche el écoute sa confession. Puis, prenant le
ciboire entre ses mains, il en retire la divine hostie, pain du
voyageur qui va partir pour la divine patrie.
    « Tout le peuple à genoux tombé sur la bruyère
    Formait autour du prêtre un cercle de prières ;
    Tous les fronts prosternés, tremblants, silencieux,
    S'abaissaient; tous les cœurs se dressaient vers les cicux.
    Tout s'inclinait aussi dans l'immense nature ,
    Les feuilles des forêts n'osaient plus un murmure ;
    Les vents évanouis n'effleuraient pas le sol ;
    Les oiseaux arrêtaient leur musique et leur vol.
    Les seuls parfums, montant d'un essor invisible,
    Remplissaient l'air au loin de leur hymne paisible;
    Tout l'univers enfin, du bois sombre au ciel bleu,
    Semblait se recueillir dans l'amour de son Dieu. »

   A ce moment solennel, Pierre repose sur le sein de sa
mère. Madeleine le soutient dans ses bras, et c'est là, sur
ce sein qui lui a servi de berceau, dans ces bras qui vont lui
servir de tombe, qu'il reçoit son Dieu. Fortifié par cette
céleste nourriture, il relève vers ses amis un visage où
rayonne une vie nouvelle.
    « La vigueur de sa foi l'avait transfiguré. »

   Il demande au prêtre, a ce vieux maître qui ne peut rien
refuser au jeune disciple, a ce père survivant venu pour
adoucir l'horreur des instants suprêmes, il demande à ce
consolateur de l'unir a la femme qu'il a tant aimée.

   « Mon père, unissez-nous ! prononcez sur nos têles
   Le mot qui nous convie à d'éternelles fêtes.
   Vous qui savez mon cœur, qui l'avez éprouvé,
   Cher pasteur, donnez-lui es qu'il a tant] rêvé,

   La main de cette enfant, mon unique douceur,
   Le droit d'êlre son frère et de l'avoir pour sœur,