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                   LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON                    375

 ouvrage est plus précieux que nous ne le pensions. J'en
ai vu vendre ici un exemplaire moins bien conservé, 1 2 fr.,
 ce n'est, au demeurant, que sa rareté qui en fait le prix.
 Les livres sont fort chers dans cette ville, comme tout le
reste. Je crois t'avoir dit que le plus mince bouquiniste de
Paris est meilleur bibliographe que vos premiers libraires ;
aussi ne peut-on pas espérer de faire dans leurs boutiques
de bons marchés, il ne s'en fait guère que dans les ventes
publiques, après décès.
   « Les éditions cum notis Variorum et celles ad usum
Delphini, qui deviennent de plus en plus rares et qui sont
très-estimées coûtent beaucoup d'argent, les premières
surtout. Quand tu en trouveras, ne manque pas de les
prendre. Un Variorum in-8, de Hollande, en bon état, se
vend ici 12 à 15 francs, tandis que nous en avons acheté
plusieurs à Lyon pour 6 ou 7 francs, car tu as le Phèdre,
de Burmann, et j ' a i VAulugelle, d'Oiselius, et le Pétrone,
de Blain, qui sont tous trois très-recherchés.
   « Prends bien garde que les éditions préférables sont
celles dont le texte est imprimé en grosses lettres rondes,
celles en italiques sont de bien moindre valeur         »
   Ne croit-on pas entendre converser deux bibliophiles
déjà en cheveux gris et qui ont blêmi sur les vieux livres,
et cependant c'est une causerie de deux amis encore bien
jeunes, mais l'un et l'autre avaient le feu sacré. Pour eux
il n'y avait de plaisir que dans les livres, d'autre joie que
d'en collectionner et d'autre satisfaction que d'en parler.
Leur correspondance est presque un traité sur l'art du
bibliophile et un catalogue raisonné des éditions des divers
auteurs grecs et latins. (1 ) A 22 ans ils en avaient déjà


  (1) Vers la fin de sa vie, M. Breghot avait commencé un catalogue
des traductions françaises des classiques latins.