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374 LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON crits, les incunables, les plus belles éditions de la typo- graphie lyonnaise. Le soir, après ces attrayantes explorations, M. Breghot du Lût m'expliquait, avec cette rare bonté qui le carac- térisait et à laquelle se mêlait la'plus douce gaieté, ce que j'avais vu, souvent sans le comprendre ; et m'initiait à la science du bibliophile avec une patience et une bonté sou- vent peu ordinaires. Dans nos promenades dans les champs, où dans des courses sur la Saône de Lyon à Collonges, où nous allions souvent chez des parents communs, il me citait aussi avec joie nos poètes lyonnais, ses auteurs bien- aimés, qu'il savait par cœur, ou me racontait les légendes .des châteaux des bords de la Saône. On ne pouvait ren- contrer un homme plus affectueux, plus sympathique et qui s'était voué, cependant, au double et austère sacerdoce de la Magistrature et des Lettres. Il les aima aussi de bonne heure, et j ' e n trouve la preuve dans une lettre qu'il adressait de Paris, en 1806. à son ami Péricaud, il avait alors 22 ans (1). Alors il com- mençait sa bibliothèque et ses goûts de bibliophile étaient déjà très-prononcés. Il mandait, entre autres, le 7 décembre 1806 à son ami Péricaud, « Carelly m'a remis le Martial de Marolles. Cet (1) M. Breghot du Lut fit ses premières études au collège de Mont- luel, puis il passa à Lyon dans le pensionat Reydellet. A l'âge de 12 ans, il montrait déjà des dispositions pour la poésie et se trouvait toujours le premier de la classe en vers latins et français. Il eut entre autres pour professeur l'abbé Forestier, dont le vrai nom était de Villcrs, sous lequel il se cachait pour se soustraire aux lois révolutionnaires, comme prêtre non assermenté. Plus tard il reçut des leçons d'un évêque schismatique grec qui remplissait alors les modestes fonctions de prote chez l'imprimeur Kindelem. (Eloge hist. de M. Breghot du Lut, par M- d'Aigueperse, p. 8.)