page suivante »
LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 315 Les savants avaient été proscrits ou décimés par la liaclie révolutionnaire. — Qui eut osé même écrire à cette dou- loureuse époque où la liberté ne fut plus qu'un vain mot, où la plus odieuse tyrannie avait succédé à ce qu'on appela si stupidement la tyrannie de la royauté ; les tristes hommes qui tenaient le pouvoir étaient pour la plupart presque illettrés ; et il ne s'imprima plus à Lyon que les actes de l'administration , des discours politiques, des pamphlets odieux, des journaux immondes, des proclama- tions souvent sanguinaires, des rapports officiels, des péti- tions, des « catéchismes enrichis de la déclaration des droits de l'homme et de maximes de morale républicaine, propres a l'éducation des enfants de l'un et de l'autre sexe, par un sans-culotte français » ou bien — « les listes des contre-révo- lutionnaires mis à mort, à Commune-Affranchie » — ou bien encore « les saints fondus ou le paradis à louer » — ou bien « le miracle de la sainte omelette ou Jésus-Christ révolu- tionnaire, par deux ex-curés, hommes libres, prêtres selon le sacerdoce révolutionnaire et sans-culottes, ouvrage dédié aux sages » Voilà ce qu'on écrivait et ce qu'on imprimait alors et il s'est trouvé un écrivain, en 1846, M. Gonon, qui a eu le courage de publier le catalogue de cette littérature révolutionnaire lyonnaise, à dater de 1789 jusqu'au 11 ni- vôse de l'an XIV, composé de 3044 articles où souvent l'odieux le dispute au ridicule... L'imprimerie était au commencement du siècle entre des mains nécessairement peu expérimentées, mais dont le goût se forma peu à peu. Les imprimeurs, d'après le Nou- veau Spon, étaient Kindelem, Jean-Marie Buyset, Joseph- François-Anne Buynand des Echelles,Ballanche et Barret, aux halles de la Grenette, Roger, Mistral, Reymann, Boursy, Bohaire, Milon, de 1800 à 1825.