page suivante »
316 LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON Peu à peu, de bonnes éditions sortirent de leurs ateliers, mais sans qu'on puisse les comparer à celles publiées, plus tard, par la maison Louis Perrin dont les presses ont produit tant de belles choses, ni à celles de M. Aimé Vingtrinier. Les libraires rouvrirent aussi leurs m a g a - sins, les Rusand et les Périsse, entre autres ; on étala des quantités énormes d'excellents ouvrages anciens, débris des bibliothèques saccagées, ou vendues, à vil prix, par leurs propriétaires ruinés par les événements. Le bouqui- niste avait su tirer aussi parti des misères du temps et emmagasiner des monceaux de livres d'une origine sou- souvent suspecte (I). Alors se formèrent à Lyon de nom- breuses bibliothèques et ce qu'on a appelé des cabinets, selon le goût des collectionneurs, et qui sont choses bien différentes (2). M. le Roux de Lincy, un bien savant bibliophile, a su parfaitement définir l'une et l'autre. (1) C'était le bon temps, dit M. Claudia. Lyon, la riche, comme l'appelle Pétrus Borel, était riche en livres rares : chacun en profila pour se former une bibliothèque. (Préface des catalog. des bibliot. Randin et Rostain.) Toutefois les livres n'étaient pas à aussi bon marché qu'on pourrait le supposer. M. Breghot du Lut, notre célèbre bibliophile lyonnais, qui habitait Paris, en 1806, écrivait à son ami Péricaud, notre savant bibliothécaire de Lyon : « Les livres sont fort chers dans « cette ville, et je crois t'avoir dit que le plus mince bouquiniste est « meilleur bibliographe que nos premiers libraires. Aussi ne peut-on « pas espérer de faire dans leurs boutiques de bons marchés, il ne « s'en fait guère que dans les ventes publiques. Les éditions, cum « notis variorum,, qui deviennent, de plus en plus rares, et qui sont « très-estimées, coûtent beaucoup d'argent, les premières surtout... » (Corresp. inédite de Breghot du Lut.) (2) Alors se formaient aussi des relieurs dont les œuvres ne sont pas au-dessous des rpuvres de leurs devanciers du xvf, xvn' et