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LE SALON DE 1 8 7 5 . 259 La pluie est tombée, et c'est M. Levigne qui nous montre la contre-partie, Jprèslapluie : les nuages se dissipent et déjà la surface de l'étang réfléchit la pâle lueur du soleil qui va reparaître, mais qui n'inonde pas encore de ses rayons les arbres tout humides et le terrain détrempé. — M. Levigne, a trois autres paysages dont le meilleur est sa Marche d'animaux, dans un coin des Dombes; le troupeau est fort bien groupé et le massif de bouleaux, d'un clair et léger feuillage, qui forme le fond, achève de donner a ce tableau sa couleur locale. Dans son Etang de Bresse, M. Chevalier prouve une connaissance parfaite de cette plaine monotone,parsemée de saules chevelus et éclairée par une lumière douce et mélan- colique. Mais, il est difficile de mieux rendre celte nature que M. Dallemagne, dans son paysage des Dombes au commen- cement d'avril. A droite, de grands chênes dénudés, d'un excellent style et d'un dessin irréprochable, puis un bois « sans mystère, » à la fuyante perspective ; au fond, un lointain vaporeux et charmant, traversé par une rivière mi- roitante. On sent dans l'atmosphère, calme et transparente, les premières effluves du renouveau ; c'est de la poésie vraie, qui vaut toutes les pastorales du monde. Nous \oyons plus loin les Cerisiers en fleurs de M. Véron. La saison de la fleur est scabreuse pour le paysagiste ; les masses et les ombres manquent de corps et les oppositions sont invraisemblables. La grande toile de M. Bidauld est brossée avec une géné- reuse hardiesse, et la perspective a une grande profondeur; mais sa prairie, si lumineuse soit-elle, est d'une crudité choquante, et sa bergère est bien inférieure à sa Jeune fille au nid, qui est pourtant de la même famille. M. Arlin est toujours l'admirateur passionné de la Bresse