page suivante »
LE SALON DE 4 8 7 5 . 141 de lui, l'écoute d'un air plus que compatissant ; le père, de son côté, appuyant sur la nappe blanche ses bras cuivrés, prête une oreille attentive, et deux femmes servent le repas dans de vieilles faïences, lorsque la porte s'ouvre pour donner passage a de nouveaux militaires. Ce qui distingue surtout le Récit de l'interné, c'est la perfection des détails : les costumes, l'ameublement, le dressoir, le poêle peint en vert, l'horloge de bois, tout cela est d'une minutieuse exactitude. "Mais il y a de l'inexpérience dans la manière dont l'artiste distribue la lumière, qui frappe en face et sur toute la largeur du tableau. M. Bail, au contraire, doit tout le mérite de ses intérieurs à l'habileté remarquable avec laquelle il répartit et ménage la lumière. Sa Fromagerie et le Repas sont des scènes d'un ordre peu élevé ; mais la photographie, elle-même, n'a pas d'effet plus saisissant que cette dernière surtout. Le Cloulier de M. Salle, l'Armurier de M. Jacomin et le Concert religieux de M. Moyse. sont des études intéres- santes au même point de vue. Dans les Convives inattendus, M. Servant a déployé toutes les richesses de la palette. On festine dans la cour d'hon- neur d'un château ; les grandes dames et les seigneurs revêtus des costumes du xvie siècle, forment les groupes les plus gracieux et le plus agréable chatoiement de couleurs. Quant à M. Chataud, il est plus coloriste que dessinateur. Cependant, sa Danseuse mauresque et sa Rue d'Alger con- tiennent trop de tons carminés et orangés, d'un effet peu vraisemblable. Citons enfin l'Education de M. Mitiffiot de Bélair , Sous bois de M. de La Brely, les Politiques de M. Webb et la Prière avant le repas de M. Heuvel. Il n'est pas besoin de dire que nous- omettons volontaire- ment un grand nombre de toiles qui sont dépourvues de pensées et de formes et que le jury aurait dû impitoyable- ment exclure. Emmanuel VINGTRINIEU.