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                         VICTOR DE LAPRADE                            H 3
expression, je la répète après l'auteur qui lui-même a écrit :
    « Le poète a le droit d'aimer ses personnages ou de les haïr. »


   Les mains croisées sur son bâton et comparant les com-
bats patriotiques de la France républicaine qui défendait ses
frontières menacées avec ces guerres ambitieuses qui taris •
sent le sang le plus pur des familles décimées, le vieux
soldat du Rhin, Jacques, s'écrie à son tour :
    « Tout ce qui reste au sol de garçons vigoureux
    Se garde au fond des bois; eh bien ! pars, fais comme eux.
    S'il te manque un fusil, prend le mien; l'arme est bonne ;
    Noos avons fait tous deux nos preuves dans l'Argonne. »

  Autres sont les avis du prêtre, ce juge du devoir :
   « La loi reste la loi, même injuste et cruelle;
   Sa force vient d'en haut, nul n'est au-dessus d'elle,
   Celui qui sans orgueil fait ce que fait chacun;
   Et, soumis à la loi, subit le sort commun,
   Eût-il le moins bon lot et les plus sombres chances
   Il échappe au remords, la pire des souffrances.
   Mais celui qui, rebelle et marchant à l'écart,
   Dans les devoirs de tous veut se choisir sa part,
   Se condamne au malheur,... hélas ! peut-être au crime. »


  Ces sages paroles ébranlent les plus résolus, et Pierre va
céder aux conseils de son maître, lorsque le docteur :
   « Ce fils, on en ferait de la chair à canon !
   Si vos lois disent oui, la nature dit non.
   Toi, va dans nos forêts nous garder ta jeunesse.

   Courage et bon espoir ! Ce dénouement s'achève,
   Ce trône, fait de sang, va crouler sous le glaive.

  Ce parti extrême flattait trop les désirs de Pierre. Sans
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