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48 VICTOR DE LAPRADE maison dételle ses taureaux, d'où sort une voix qui lui est familière. Ah ! s'd se montrait, que de cœurs joyeux iraient à sa rencontre ! « 11 le sait et, près d'eux, il sent bien en lui-même Qu'on peut se faire un ciel de la terre où l'on aime. » Va-t-il donc s'arrêter ici ? « Va-t-il se souvenir qu'il est ne d'une femme ? » Non. Lorsqu'il voudrait embrasser, il ne doit que bénir. Devant un regard tendre, ses paupières doivent s'abaisser Il passe. « 11 passa ; la prière abrégea le combat, Et les anges ont dit qu'une larme tomba. » Ce qui n'est exprimé qu'à moitié dans cette page se laisse aisément comprendre, et la virginale figure qu'on fait pres- sentir en voulant la voiler apparaît quoique absente, a côté de celle de Jésus, dans ce tableau touchant et inimitable. « Il passa ; la prière abrégea le combat. » Ce vers dénote le sacrifice. La divinisaation du sacrifice et de la douleur est la grande pensée qui remplit les « Poèmes Evangéliques » et en fait un livre du temps présent comme des temps a venir. A une époque où l'égoïsme, s'il n'est considéré comme une vertu, est tout au moins une habitude ; où le cuKe de la jouissance est devenu une obligation et l'espoir d'un bien- être absolu, une conviction, il importait de combattre ce que Victor de Laprade appelle une hérésie morale. Il était oppor- tun d'enseigner le mépris de la douleur et de nous la faire envisager non comme un mal, selon la formule contempo-