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VICTOR DE LAPRADE 49 raine, mais comme un remède, d'après les leçons et les exemples d'un Dieu fait homme. « Ce que Dieu a créé, la douleur l'achève, » dit l'auteur lui-même. Mot profond qui, médité, compris, et ayant péné- tré les âmes, renouvellerait la face de la société. « En ce moment, ajoute-t-il, la sainte figure de la Croix doit dominer dans les esprits toutes les vaines images, et il est nécessaire de présenter aux hommes le christianisme par son aspect héroïque. Voilà pourquoi l'idée de la dou- leur, de la douleur fécondée par l'amour, revient si sou- vent dans notre livre en opposition a ce culte des voluptés pratiqué par la société tout entière. » Que prêche, en effet, dans le désert Jean le précurseur devant la foule que sa voix attire et captive ? L'abnéga- tion et le sacrifice. « 0 vous qui me suivez dans le lit des torrents, Rendez-vous, comme moi, nus, maigres, ignoranls. Chassez loin dans l'oubli toutes vieilles doctrines, Et que la vieille chair sèche sur vos poitrines. » — « Ta voix, maître, nous semble inviter à la mort. » — « Nul ne vivra toujours sans s'immoler d'abord. » Qui est-il lui-même ? Écoutez-le répondant à l'Esprit divin qui l'appelle : « J'ai quitté la maison, la vigne paternelles, Et ma mère et les miens, pour suivre ton sentier. A tes commandements j'appartiens tout entier. » Que dit-il encore a Lazare assis sur les degrés du palais d'Hérode et mendiant les miettes de pain qui tombent de la table royale. « Le lépreux délaissé qui sait souffrir sans haine, Voilà l'home en qui Dieu bénit la race humaine. » 4