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390 Se mêle au vent plaintif qu'exhale un soir d'automne. Je verrai donc demain la cité des vivants Sur la cité des morts verser ses flots mouvants ! Heureux qui peut prier aux tombeaux de ses pères ! Pour moi, triste habitant des rives étrangères, Qu'en un climat nouveau le sort vient d'égarer, Je n'ai pas même ici de tombeaux pour pleurer : Loin, bien loin de ces lieux, un humble amas de terra Conserve, sous l'abri d'une croix solitaire, Ce que j'eus de plus cher, gisant dans un linceul. Hélas ! ainsi que moi, demain il sera seul ! Et tandis qu'à l'entour, de plus heureuses tombes Se couvriront de fleurs, riantes hécatombes ; Et, de rameaux pieux aimant à -s'ombrager, Souriront au retour d'un printemps passager ; Lui seul sera désert : sa pierre nue et grise N'entendra de soupir que celui de la brise, Et ne s'humectera que des larmes des cieux Que l'aurore en naissant fait couler de ses yeux. Ah ! du moins, ce jour-là , qu'une douce rosée Soit versée, ô ma mère, à ta cendre arrosée, Et que ta froide couche, humide de ces pleurs Laisse éclore pour toi quelques sauvages fleurs, Un souci pâlissant, une humble graminée, Une z'ose des champs à la tige inclinée, Qui, pour pieuse offrande à tes mânes défunts, Au lieu de ma prière, épanche ses parfums, J-C. DEMOGEOT. 1 er novembre.