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352 en diable qui a voulu bâtir sur Rome au lieu de bâtir sur Dieu (1). » Pour faire place à des fondations nouvelles, et éle- ver dans les airs , sur des colonnes colossales , une copie du Panthéon , Jules II osa détruire une portion de l'antique basilique de Saint-Pierre, ce sanctuaire vénéré des premiers chrétiens. Les formes sous lesquelles s'étaient manifestés les cultes anciens ressuscitent ainsi dans la cité centrale du culte catholique, et s'érigent grandiosement devant l'ad- miration des artistes. Bramante construit près de Santo Pie~ tro in Montorio, aux lieux où avait coulé le sang du martyr, une'chapelle dans la forme légère et gracieuse d'un périp- lère. Sous Léon X , on ne va plus au Vatican pour s'age- nouiller et prier aux tombeaux des apôtres, mais pour admirer les chefs-d'œuvre du ciseau grec, le Laocoon et l'Apollon du Belvédère. Si le pape, évoquant les anciennes croyances du moyen-âge, appelle encore les chrétiens aux armes et veut les lancer contre les infidèles, ce n'est plus la conquête du Saint- Sépulcre qui le préoccupe ; mais, comme nous l'apprend Navagero, c'est l'espoir de retrouver les écrits des Grecs qui ont été perdus. Mais l'intelligence ayant secoué l'empire inquisitorial, la foi ne tarda pas à faire fausse route. Léon X, après avoir encou- ragé les recherches et les exhumations du passé, accueillit avec intérêt les créations originales de ses contemporains. Il voulait de la gloire pour son nom et pour son temps, et la cherchait partout ailleurs que ses prédécesseurs. Non seule- ment Àrioste, le gai poète, et Machiavel, le hardi penseur, écrivirent pour lui, ce qui était un estimable encouragement pour les belles-lettres, mais encore il laissa détrôner quel- ques-unes de ces vérités qui sont éternelles, quelle que soitla religion qui leur sert d'enveloppe ; il laissa discuter l'immor- talité de l'a me ; il permit qu'un des plus célèbres philosophes de son temps., Pietro Pompanazzo, soutînt avec éloquence et (t) Lulhcr, Tisch-Reden.