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   « peut-il pas y avoir progrès pour la religion dans l'église du
   « Christ? Qu'il y en ait, qu'il y en ait beaucoup , a répondu
   « depuis longtemps le premier et le plus habile théologien
  « de l'île de Lérins, dans son Commonitoire, devenu la règle
  « de la foi catholique. Qui serait assez malveillant pour les
  « hommes, assez maudit de Dieu pour empêcher ce progrès ?
  « Mais il faut néanmoins que ce soit vraiment un progrès, et
  « pas un changement. Ce qui constitue le progrès d'une chose,
  « c'est qu'elle prenne de l'accroissement sans changer d'es-
  « sence ; ce qui en fait, au contraire, le changement, c'est
 « qu'elle passe d'une nature à une autre (1). »
     Ceci établi comme résumé des améliorations possibles dans
 l'Église catholique, voyons ce qu'elle était à l'époque de Lu-
 ther. La position de l'Italie, siège de la papauté, c'est-à-dire de
 l'autorité, nous suffira pour apprécier combien une réforme
 était utile, réforme appelée du reste à grands cris par les ser-
 viteurs les plus dévoués de l'orthodoxie romaine.
    L'Italie Ulustre du moyen-âge, l'Italie, maîtresse du monde
 et marchant devant lui à la recherche du beau idéal, c'est, dans
 sa transfiguration la plus glorieuse, le règne de Léon X (1516).
 Pendant ce règne, elle grandit, et se glorifie de tout le passé;
Léon X mort, elle s'obscurcit et diminue d'importance.
    Léon X, le plus illustre représentant de la famille des Médi-
 cis, cardinal à quatorze ans, homme brillant et aimable,
laisse périr la discipline et la foi, et relève le culte des an-
ciennes idoles. A sa voix, les arts et la littérature se réveillent;
mais l'esprit humain se réveille aussi. Il s'interroge , il doute,
il discute, il se reconnaît maître éternel de l'univers. Son pre-
mier acte, comme le premier acte d'un enfant, c'est la déso-
béissance. Il pense, donc il s'insurge. Désormais iL-ae subira

    (1) Histoire civile et religieuse des Lettres Latines au IVe et au Ve siècle,
par M. Collombet, pag. 449. Cet ouvrage plein de science puisée aux sources,
nous montre qu'aux premiers siècles de l'église, le développement de l'in-
telligence et de la littérature s'accordait parfaitement avec la tradition et
l'autorité du catholicisme.