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278 raera jamais d'homme meilleur. Quant à sa patrie et à ses p é n a l e s , il avait grand soin de faire en sorte que personne ne sut quels ils étaient. Les malins répandaient mécham- ment diverses r u m e u r s ; pourtant., sur de plausibles conjec- tures , on le soupçonnait originaire de la Loraine. C'était un homme fort instruit, qui savait l ' h é b r e u , le grec et le latin. Ainsi d o n c , il avait fui la p a t r i e , quelle qu'elle fût d'ailleurs, et se vantait à bon droit d'avoir, comme Bias de Priène, emporté avec lui tous ses biens. Lorsqu'il fut venu à Lyon , il gagnait sa vie à corriger des livres qui s'impri- maient. Notre siècle n'avait pas vu de correcteur', — c'est le nom que l'on donne à cet emploi, — de correcteur plus sa- gace, plus soigneux, plus habile que lui. La moindre faute à corriger n'échappait point à son attentive exactitude. Aussi s'était-il fait, dans la République des Lettres, un nom distin- g u é , et s'était-il a c q u i s , par son érudition, l'amitié des hommes les plus célèbres. Pierre Gassendi le prisait si fort que lorsqu'il voulut mettre au jour ses divines œuvres, il n'eut confiance qu'en Barancy, ne se recommanda qu'à lui s e u l , e t , par une lettre dédicaloire, mit son nom en tête de ces mêmes œuvres. Il était grandement estimé de tous ceux qui passaient pour érudits , et il avait pour eux de grands égards. Il ne donna cependant aux lettres rien qui doive aller à la postérité, car il mit au jour deux petits ouvrages seulement, par lui composés en langue française ; l'un, qui est une invective contre Jean-Baptiste Morin ( 1 ) , mais une invective d'une colère douce et sans méchanceté (2); l'autre, qui est une fidèle et exacte narration du supplice que deux illustres personnages, Cinq-Mars et de T h o u , subirent à Lyon. Quand Barancy m o u r u t , il songeait à écrire sur je ne sais quelles matières philosophiques. (1) Astronome el astrologue, né à Villefranche, en Beaujolais. Voyez son article daus le Dict. de Moriri. (2) Elle parut en 1640. Nous ne la connaissons pas, du reste.