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raera jamais d'homme meilleur. Quant à sa patrie et à ses
p é n a l e s , il avait grand soin de faire en sorte que personne
ne sut quels ils étaient. Les malins répandaient mécham-
ment diverses r u m e u r s ; pourtant., sur de plausibles conjec-
tures , on le soupçonnait originaire de la Loraine. C'était
un homme fort instruit, qui savait l ' h é b r e u , le grec et le
latin. Ainsi d o n c , il avait fui la p a t r i e , quelle qu'elle fût
d'ailleurs, et se vantait à bon droit d'avoir, comme Bias de
Priène, emporté avec lui tous ses biens. Lorsqu'il fut venu
à Lyon , il gagnait sa vie à corriger des livres qui s'impri-
maient. Notre siècle n'avait pas vu de correcteur', — c'est le
nom que l'on donne à cet emploi, — de correcteur plus sa-
gace, plus soigneux, plus habile que lui. La moindre faute à
corriger n'échappait point à son attentive exactitude. Aussi
s'était-il fait, dans la République des Lettres, un nom distin-
g u é , et s'était-il a c q u i s , par son érudition, l'amitié des
hommes les plus célèbres. Pierre Gassendi le prisait si fort
que lorsqu'il voulut mettre au jour ses divines Å“uvres, il
n'eut confiance qu'en Barancy, ne se recommanda qu'à lui
s e u l , e t , par une lettre dédicaloire, mit son nom en tête de
ces mêmes œuvres. Il était grandement estimé de tous ceux
qui passaient pour érudits , et il avait pour eux de grands
égards. Il ne donna cependant aux lettres rien qui doive
aller à la postérité, car il mit au jour deux petits ouvrages
 seulement, par lui composés en langue française ; l'un, qui
 est une invective contre Jean-Baptiste Morin ( 1 ) , mais une
invective d'une colère douce et sans méchanceté (2); l'autre,
 qui est une fidèle et exacte narration du supplice que deux
 illustres personnages, Cinq-Mars et de T h o u , subirent à
 Lyon. Quand Barancy m o u r u t , il songeait à écrire sur je ne
 sais quelles matières philosophiques.


   (1) Astronome el astrologue, né à Villefranche, en Beaujolais. Voyez son
article daus le Dict. de Moriri.
   (2) Elle parut en 1640. Nous ne la connaissons pas, du reste.