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255 tous cas trésors ! Il est vrai qu'aucune occasion n'était né- gligée. Notre savant avait pour ami M. de Montribloud, pos- sesseur d'un château situé à peu de distance de Lyon : souvent il s'y rendait, et là , dès que les ombres commen- çaient à couvrir la terre, il allumait un certain nombre de flambeaux dans une des chambres le plus favorablement tournées vers les bois et les prairies, et attirait, par ce procédé peu usité encore, une foule de lépidoptères nocturnes, que l'oeil de l'explorateur le plus exercé chercherait souvent inu- tilement pendant le jour. Les espèces nombreuses qu'il se procura par ce moyen, lui permirent de fournir des maté- riaux nombreux pour l'ouvrage qu'écrivait le P. Engrameile et dont M. Gigot d'Orcy, fermier général et amateur éclairé des sciences, s'était chargé de faire les frais. De Villers, pour se livrer à ses goûls avec plus de liberté, avait depuis quelque temps cessé de professer la physique et avait même vendu ses nombreux instruments, moyen- nant une rente viagère de deux mille livres. Menacé de per- dre cette dernière, qui formait la plus large part de ses res- sources , il se vit forcé de remonler à nouveaux frais un autre cabinet et de recommencer ses cours toujours suivis par des nombreux auditeurs. Les académies de Yillefranche, de Marseille et de Rouen l'avaient successivement inscrit sur la liste de leurs corres- pondants : l'administration locale ajouta à ces marques d'es- time un témoignage non moins flatteur ; elle le chargea d'un cours public de mathématiques et mit à sa disposition, pour cet effet, une des salles de l'Holel-de-Ville. Rien, néanmoins, ne le détournait du projet depuis long- temps arrêté dans son esprit, de publier la partie entomolo- gique des œuvres de Linnée, en ajoutant aux descriptions des espèces connues du Pline du Nord, celles de tous les in- sectes découverts jusqu'alors par les naturalistes qui avaient marché sur ses traces. En 1780, il fit paraître le prospectus de cet ouvrage. Un riche négociant de Lyon, possesseur